Avec la baisse spectaculaire des taux de crédit immobilier, certains emprunteurs auraient intérêt à regarder de plus près le coût de leur assurance.

C’est une des conséquences inattendues de la baisse spectaculaire des taux de crédit immobilier. L’assurance du prêt (qui couvre les risques de décès, d’invalidité, d’incapacité et pour certains contrats, de perte d’emploi), que les Français ont peu l’habitude de scruter contrairement au taux de crédit, peut coûter plus cher que le crédit lui-même.

L’explication? L’assurance est calculée sur le capital emprunté et non sur le capital restant dû comme pour le crédit immobilier. Concrètement, en cas de baisse des taux, la somme acquittée par l’emprunteur reste identique tout au long du prêt, pour l’assurance. En revanche, elle diminue pour le crédit. Conséquence : le poids de l’assurance augmente. « L’assurance est un produit trop souvent ignoré par les emprunteurs, souligne Hervé Hatt, président de Meilleurtaux. Sans doute parce qu’ils pensent que les économies à réaliser avec l’assurance sont plus faibles qu’avec le crédit immobilier, du fait de leur taux plus faible (autour de 0,3/0,4% en moyenne pour l’assurance contre un peu plus de 1% pour le crédit) ». Et pourtant, c’est le contraire pour de plus en plus d’emprunteurs. « Si vous êtes en couple, âgés de plus de 36 ans et empruntez à un taux inférieur à 1,2%, vous avez intérêt à renégocier votre assurance », conseille Maël Bernier, de Meilleurtaux. « Idem pour un célibataire jeune».

C’est ainsi le cas d’un couple, l’un âgé de 37 ans et l’autre de 42 ans, qui a emprunté 200.000 euros sur 20 ans à 0,8%. Le taux de l’assurance s’élève, quant à lui, à 0,36%. L’un des emprunteurs est assuré avec une quotité de 100% (sur la totalité du prêt) et l’autre, de 50%. Dans une telle configuration, le coût de l’assurance est de 27.000 euros contre 20.616 euros pour le crédit. Le couple a donc tout intérêt à négocier à la baisse son taux d’assurance voire à se tourner vers une autre banque.

Autre exemple: deux emprunteurs âgés de 48 ans et fumeurs. Ils ont emprunté 150.000 euros sur dix ans à 0,7%. Le taux de leur assurance est de 0,45%. Ils sont assurés avec une quotité de 50% chacun. Là encore, l’assurance est plus chère que le crédit mais la marge est plus faible : 6750 euros contre 5355 euros.

Depuis l’amendement Bourquin (du nom du sénateur socialiste du Doubs Martial Bourquin), les emprunteurs peuvent désormais négocier annuellement tout contrat d’assurance emprunteur.

Mais, malgré l’entrée en vigueur de cette mesure le 1er janvier 2018, « le marché ne s’est pas ouvert, déplore le sénateur. Il reste pour 87% captif des banques ». La faute, selon lui, à un texte de loi trop flou, notamment sur la date anniversaire, ce qui fait le jeu des établissements financiers. Pour l’élu, la date à retenir et à graver dans la loi, doit être celle de la signature de l’offre de prêt.

Afin de faciliter encore plus le changement d’assurance-emprunteur, Martial Bourquin a déposé une proposition de loi qui vient d’être adoptée, à l’unanimité par le Sénat. Le texte a reçu «un très large soutien» du gouvernement. « Il permettra de donner une effectivité accrue aux droits de nos concitoyens », a déclaré Agnès Pannier-Runacher, la secrétaire d’État auprès du ministre de l’Économie et des Finances. Reste à savoir ce qu’en pensera l’Assemblée nationale.

Par Guillaume Errard
Publié le 25 Octobre 2019 à 06:00
« Le Figaro »